Les études montrent que les femmes font 5 fois plus d’entorses que les hommes. On commence à comprendre pourquoi ! Les stratégies préventives en résultant sont désormais plus efficaces !
Une entorse, c’est la distension voir la rupture d’un ligament, cette cordelette reliant deux os au niveau des articulations. Le plus célèbre d’entre eux est probablement le ligament croisé antérieur. Il tente de limiter les mouvements du genou. Il peut se déchirer lors des rotations ou des bascules de cette articulation quand elle est placée au voisinage de l’extension. Sa rupture impose souvent une intervention chirurgicale et une rééducation de plusieurs mois. Même bien opéré, ce genou a 10 fois plus de chance de faire de l’arthrose que son voisin ! Voilà pourquoi, le ligament croisé antérieur est souvent pris en exemple et fait l’objet de toutes les attentions des scientifiques !
Des tissus trop souples.
Les ligaments féminins se laissent distendre plus aisément, on parle de laxité. Il est probable que l’évolution ait sélectionné cette caractéristique tissulaire afin de favoriser l’ouverture du bassin lors de l’accouchement. SCOVILLE a mis en évidence que les individus les individus hyperlaxes faisaient 3 fois plus d’entorse du ligament croisé antérieur. Il est peu probable que ce ligament très souple soit plus fragile … au contraire, il se laisse distendre plus longtemps avant de se rompre. En revanche, la membrane entourant l’articulation est si flexible qu’elle laisse trop facilement partir le genou en forte extension et en bascule ! Dans cette position le ligament croisé est très tendu, une simple rotation suffit à le rompre. De surcroît, les enveloppes musculaires sont, elles aussi, trop souples. Les muscles sont insuffisamment mis en tension pour bien contrôler la posture articulaire.
Des muscles moins forts et mal coordonnés.
Pour stabiliser les articulations, il faut des muscles forts, endurants et vigilants. Les hormones féminines sont bien moins efficaces que la testostérone masculine pour donner de la puissance musculaire. Une étude a montré que l’usure articulaire dépendait plus du volume musculaire que du sexe. En clair, une femme bien musclée contrôle mieux ses mouvements articulaires et développe moins d’arthrose qu’un homme malingre ! Il est probable qu’elle fasse également moins d’entorse ! Habituellement, les femmes se réceptionnent au voisinage de l’extension de genou … dans une position risquée pour le ligament croisé. Par manque de force, le blocage articulaire remplace le freinage musculaire. Il faudrait plus de flexion pour que les ischiojambiers situées à l’arrière de la cuisse, parviennent à tirer le tibia vers l’arrière et détendre le croisé. Les enregistrements électriques des contractions musculaires montrent que les femmes sollicitent trop leurs quadriceps et insuffisamment leurs ischiojambiers en réception de saut. Le tibia est tracté vers l’avant, le croisé est tendu … en position de prérupture !
Une anatomie spécifique
Les jambes en X, plus typiquement féminines, se révèlent dangereuse pour le croisé. Le couloir osseux dans lequel il se situe est plus étroit. Lors des rotations et des bascules, il vient plus rapidement se tordre sur les berges de ce canal. Le croisé féminin est également plus fin. Il se rompt pour une tension inférieure … chez les cadavres ! Les longues jambes sans muscles des mannequins se cognant les genoux sur les podiums des défilés … sont à haut risque de rupture du croisé ! Finalement, il y a une justice !
Encore les hormones !
Vous avez appris que les hormones féminines distendaient les ligaments et ne stimulaient pas suffisamment le développement musculaire ! Sachez qu’en plus, le cycle féminin intervient dans la rupture du croisé. Il y a trois plus de risque de faire une entorse grave du genou en première partie de cycle, entre le premier et le quatorzième jour, entre le début des règles et l’ovulation. C’est une constatation dont on ignore encore la justification ! Quoi qu’il en soit, en plus des dates de vacances scolaires et des promotions des voyagistes, voilà un paramètre supplémentaire à prendre en compte avant de choisir les dates de votre prochain séjour au ski ! Les études concernant l’intérêt préventif de la pilule sont divergentes. Il est probable que les minidosées plus récentes soient moins efficaces pour prévenir le risque de rupture du croisé.
Sensibilisation et modification technique !
Plusieurs stratégies doivent s’associer pour limiter le risque d’entorse grave du genou. Henning a proposé à des basketteuses de 1ère division américaine de décélérer sur 3 pas au lieu de s’arrêter brutalement. Il leur a demandé de tourner sur des trajectoires arrondies en remplacement des pivots. Les blessures ont diminuée de 89%. Il faut être sensibilisé au problème et avoir compris les mouvements dangereux. Quatre mille moniteurs de ski ayant visionné une vidéo montrant dix accidents typiques ont diminué de 62 % leur taux de rupture du croisé au cours de la saison suivante ! Alors, souvenez vous de l’essentiel ! Evitez de vous réceptionner genou tendu, en bascule vers l’autre genou !
EXERGUE : RECEPTIONS EN FLEXION et « EN DOUBLE APPUI » LIMITE LE RISQUE D’ENTORSE DU GENOU.
Coordination et renforcement !
A chaque saut, amortissez et stabilisez la reprise d’appui en fléchissant le genou et restant dans l’axe ! Pliez aussi le buste vers l’avant pour tendre les ischiojambiers. Sur le terrain, faites des parcours entre plots et cerceaux. Renforcez vos muscles. Mieux encore ! Apprenez à vous arrêter ou à changer de direction en prenant un «double appui». En équilibre simultanément sur le pied droit et sur le pied gauche. Vos articulations seront plus stables ; vous êtes plus aptes à modifier votre trajectoire si votre adversaire vous assenait une nouvelle feinte. En salle, utilisez les squats ou la presse, dossier à 45°, ainsi que les machines à ischiojambiers. A domicile, réalisez des flexions sur une jambe, le pied posé sur un coussin ou un matelas. Pour travailler les ischiojambiers, allongez-vous sur le sol, pliez un peu les genoux, posez vos talons sur une chaise ou sur un gros ballon et montez le bassin. Autant que possible ces exercices sont effectués successivement avec une jambe puis l’autre afin de reproduire plus spécifiquement la reprise d’appui sur un pied. Matelas et ballon sont des astuces particulièrement utiles car trop de musculation en position de stabilité fige votre coordination et altère votre aptitude à réagir au déséquilibre. Limitez les assouplissements, les femmes sont déjà très laxes ! Evitez les étirements en position statique à l’échauffement, ils diminuent l’élasticité musculaire protectrice et inhibent les réflexes de contraction contrôlant la position articulaire.
Docteur Nicolas LEFEVRE, Docteur Yoann BOHU, Docteur Serge HERMAN. – 23 octobre 2013.